130 - Bons baisers où tu sais by Dard Frédéric

130 - Bons baisers où tu sais by Dard Frédéric

Auteur:Dard, Frédéric [San-Antonio]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
Éditeur: Fleuve Noir
Publié: 1987-03-04T09:40:38+00:00


ECHAPITR VIII

Ça sent le lapin à la tomate.

Je toque, j’entre quand on me le dit, et c’est bel et bien du lapin à la tomate que ce vieux mec et sa rombiasse sont en train de bouffer. Du lapin à la tomate avec de la polenta coupée en carrés et frite. Aussitôt, la faim fait sortir mon estomac du bois et, au lieu de dire bonjour, j’essuie le filet de bave qui me dégouline sur le menton.

Les deux vioquards me considèrent comme si j’étais un camionneur venant de défoncer leur guitoune avec son vingt tonnes.

J’ai le réflexe de sourire avant que le bonhomme n’aille décrocher son tromblon pour me voler de plombs. Mes sourires enjôleurs sont les plus efficaces de la planète et les gens auxquels je les dédie se mettent à m’aimer comme des fous et se battent pour me faire une pension.

— Pardon de vous importuner, leur dis-je aimablement. Dieu que ça sent bon chez vous ! Je suis un expert d’assurances de Paris et je fais une petite enquête à propos de cet avion qui s’est posé un jour sur le terrain désaffecté qui borde votre maison.

Ouf ! L’effet sédatif de mon sourire s’estompe et les voilà qui reprennent des mines renfrognées.

Afin de pas laisser capoter nos relations, j’ajoute :

— Ma compagnie d’assurances m’a chargé de vous remettre une prime de cinq cent mille lires afin de vous remercier de votre précieux témoignage. La voici !

Je tire de ma vague cinq billets de cent mille lires et les dispose en éventail sur la table.

Les deux croquants jettent la pogne simultanément ; c’est mémère la moins rhumatisante, donc la plus rapide. Seulement, c’est pépère le plus fort. Il assène un coup de poing sur la dextre sinistre de sa camarade d’existence.

— Lâche ça, vieille carne ! il lui fait aimablement.

Mme Ravioli abandonne sa proie et c’est mister le mec qui ratisse.

Il examine les talbins, vérifier qu’ils n’ont pas été prélevés dans une boîte de Monopoly et, rassuré, les plie en quatre avant de les glisser dans l’une des poches de son vieux gilet de laine ravaudé.

Un beau sourire met du noir (il chique) sous sa moustache blanche.

— Vous prendrez du lapin avec nous ? il demande.

Moi, j’espérais ça comme tu peux pas savoir. C’est marrant, la vie : on a des coups de cœur, des envies, des spleens comme ça, au débotté. En passant le seuil de la masure, j’avais faim de ce lapin : l’odeur ! La reniflette, moi, tu sais combien c’est un vice ?

— Volontiers : il embaume !

Sa mégère ronchonne, se lève pour m’apporter un couvert. Le vieux va tirer un cruchon de picrate au cellier. Vin noir à mousse incarnate qui sent encore la dernière vendange. Et nous voici à claper, les trois, en échangeant des œillades amitieuses par-dessus notre bouffement.

Une merveille ! La vieillarde, au plumard, ça doit faire quine qu’elle est bonne à nibe ; mais au fourneau, attention ! Et puis qu’est-ce qu’elle sait faire d’autre, encore, je m’informe. Paraîtrait



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